III. Le Jazz du point de vu économique et social >> A. Le Jazz dans un contexte économique

III. Le Jazz du point de vu économique et social

A. Le Jazz dans un contexte économique

 
Aujourd'hui, la musique est tellement présente dans nos vies qu'on ne la remarque parfois même pas: dans les ascenseurs, les films, et on peut l'utiliser partout, quand on veut grâce aux Ipod, à Internet...Cependant, ce phénomène est très récent : il y a un siècle on ne savait pas l'enregistrer! Et l'idée de faire de la musique un produit de consommation courante était complètement farfelue.
L’ascension de la musique en tant que consommation de masse s'explique par trois facteurs :
le capitalisme, le nouveaux modèle économique de l'époque, l'enrichissement de la société qui vit apparaître massivement les classes moyennes et ouvrières, et l'obtention de temps libre plus nombreux et long qui seront utilisée dans le loisirs.
Il a donc fallut des recherches pour pouvoir écouter la musique de nos nos jours à savoir, un produit au potentiel commercial énorme, et à la qualité du son très performante.




La Danse du Moulin Rouge par Toulouse-Lautrec:
en effet la musique était un luxe que l'on
ne rencontrait que dans des lieux particuliers.
Le Phonographe d'Edison
Le Cylindre
La musique était avant les années 1960, un loisir de classes aisées, que l'on trouvait sur la scène, ou à des occasions assez rares. L'industrie musicale démarre vraiment en 1890, avec le phonographe d'Edison mais l'industrie musicale de masse ne peut commencer qu'avec l'apparition vers 1900, des moulages de cylindres, ancêtres du vinyle (avant les musiciens devaient jouer autant de fois que de cylindre produit!). Le disque plat apparaît, et propose une meilleure qualité de son et une meilleure maniabilité. Des grandes compagnies sont mises en avant: Edison, Columbia et Victor (États-Unis), Pathé (France), et Gramophone (germano-britannique) vers 1890. Elle étendent leurs filiales dans leurs colonies.
La guerre de 1914 va reconvertir les industries européennes dans le paramilitaire ou les chansons de propagande, et l'Amérique va pourvoir monopoliser le marché. Elle s’intéresse ainsi aux minorités ethniques qui constituent une grosse partie de sa population et donc un gros marché. Les grandes compagnies achètent alors des plus petits labels spécialisés dans la musique noire et  agrandissent ainsi leur marché et leur public. De plus, après la guerre elles exportent le jazz en Europe, ce fut un véritable succès.
Pendant l'entre deux guerre naît l'enregistrement électrique, de meilleure qualité. C'est un succès tellement puissant que dorénavant, pour réussir sa carrière, un artiste doit se faire enregistrer.
La crise de 1929, affaiblit considérablement les grandes entreprises du disque, qui fusionnent avec les radios. Trois entreprises émergent : EMI (qui a absorbé Pathé), RCA-Victor (fusion), Columbia.
La seconde guerre mondiale, essouffle considérablement l'industrie du disque, et du son, la musique étant utilisée à des fins de propagande.
Le Vinyle
Cependant l’après-guerre fait entrer cette industrie dans la consommation mondiale de masse. Cela est dû à trois facteurs : l'apparition du microsillon (le vinyle), la croissance démographique qui explose, de nouvelles stratégies basées sur la collaboration entre médias (radio+TV+disque).
Le vinyle propose un gain de qualité de son et une durée d’écoute bien plus longue : 20 min par face contre 4 avant ! C'est une grande avancée pour le jazz. Le 33tour devient le standard mondial. Le vinyle devient un produit de consommation courante: 250 millions de vinyles en 1948 à 600 millions en 1973 au États Unis. Les grandes entreprises dominantes sont : EMI (anglais), RCA-Victor, CBS, Warner Bros (États Unis) et Philips (Néerlandais). Les petites entreprises vont s'orienter vers la musique noire la plus populaire, soit la funk, soul et rythm'and blues, ainsi elles acquièrent du pouvoir sur le marché. Motown, Staw et Atlantic vont produire des artistes comme Ray Charles, Steve Wonder, Aretha Franklin et Marvin Grave.
Aretha Frankin
Dans les années 1950, Eddie Barclay crée sa propre compagnie en ne proposant que du jazz, alors que l'industrie s'était tournée vers la pop.
Par ailleurs, ce sont les jeunes, disposant d'argent de poche, qui vont doper le marché de la musique. L'apparition de la cassette compacte accroît encore les profits de ces industries en 1963. De plus la collaboration entre médias s'intensifie, grâce à l'apparition de la télévision (TV) dans les années 1960. Grâce à la TV apparaissent les premières stars comme Elvis Presley (vous pouvez vous même vous rendre compte de la collaboration entre média en regardant une des premières interviews télévisées d'Elvis Presley, qui l'a  aider à maintenir son succès).
Dans les années 1960, 72% des jeunes écoutent la radio, qui diffuse maintenant des programmes musicaux.
Les gros producteurs apparaissent ensuite, car l’acquisition de matériels de plus en plus cher nécessite de se démarquer par un son unique. Ce sera le cas du "5ème Beatle": Georges Martin.
Le CD apparait en 1982, au moment où l'industrie ralentissait. Il propose une durée de vie plus longue, et une qualité supérieure. L'apparition de l'informatique dope encore plus le marché. Cinq grandes entreprises ressortent. : Sony music, BMG, EMI, Polygram, Warner-Elektra-Atlantic, qui monopolisent le marché et usent des grandes vedettes pour doper leurs profits.
Fonctionnement du "Peer-to-peer"
Internet arrive avec le "Peer-to-peer", qui est le partage d'un contenu avec un autre internaute sur son ordinateur. Cela prend de court les gros labels et entraîne alors la crise du disque.
Le marché est en crise avec l'apparition des téléchargements. Les consommateurs sont encore dans un modèle physique la propriété, la possession du fichier et la faculté de pouvoir le graver et le transférer. On se demande aujourd'hui ce qu'il faut mettre en place pour que le consommateur ne devienne pas un passager clandestin qui fait le choix de ne pas payer le bien musical. La question est à remodeler d'un point de vue de l'usage et non de la propriété. L'offre passe aujourd'hui par un marketing fort mais aussi par le "live", pour rétablir le lien physique via le concert (car nous somme sur un marché virtuel). La décroissance du marché physique n'étant pas compensée par le marché virtuel, la diffusion numérique va devoir réorganiser l'offre et la demande. Les valeurs du modèle classiques se perdent : la musique n'est plus acquise, elle est de moins en moins objet mais issue d'une appropriation nomade (de la liberté totale de choix, nombres...).



Parallèlement, si l'on transpose le phénomène au jazz, l'on constate plusieurs points majeurs :
-Au début, les musiciens sont enregistrés pour quelques sous comme Armstrong ou Ellington. Ce sont bien des années après que leur disques deviennent rentables en que l'on en tire un véritable profit, notamment dans le cadre du "vintage".
-Lorsque l'industrie du jazz commence à prendre une réelle ampleur, son économie à pu nuire aux talents: les promotions, tournées, enregistrements ont focalisé le musicien sur sa rentabilité et l'ont détourné d'une réflexion au sujet de son art.
-Le jazz a pu être récupéré commercialement, comme la Bossa Nova en 1930.
-Le disque fut un support essentiel au jazz et à son évolution, notamment pour comprendre les différents mécanismes du jazz dans un domaine où les notes ne s’écrivent pas (lors d'improvisations par exemple).
-Aujourd'hui les musiciens de jazz Français sont plus préoccupés par leur survie que par leur art, dans un contexte, de plus, de crise. Ils deviennent polyvalents, c'est-à-dire qu'ils cumulent des fonctions, comme l'enseignement et l'écriture.

En quelques chiffres concernant les jazzman Français, issus d'une enquête de l'Irma Asso que vous pouvez tout de même allez voir pour aprofondir le sujet en cliquant ici. :
-63% sont intermittents du spectacle;
-45% ont perdu ce droit du fait de cachets insuffisants.
En effet le marché s'est resserré. Le musicien lorsqu'il joue le fait principalement sur scène.