I.B. Création d'une première sorte de musique : le negro spiritual et son évolution.

B. Création d'une première sorte de musique : le negro spiritual et son évolution.


Après la guerre de Sécession entre 1861-1865, l'esclavage est aboli aux États-Unis. Les Noirs vont alors exprimer leur espoir quand à leur intégration, et leur reconnaissance.
Ainsi, le negro-spiritual, prend ses racines dans les chants et morceaux de la tradition protestante des Blancs. Les Noirs abandonnent leurs caractéristiques musicales africaines au profit des formes musicales plus européennes pour pouvoir se socialiser, s'intégrer et être accepté par la communauté blanche. On parle d'assimilation et de déculturation. Ce désir d'intégration est resté très puissant et se traduit surtout par un fort patriotisme, une envie de réussite sociale et beaucoup de respect, pour cela le negro-spiritual est un chant optimiste. La communauté noire repris en particulier les hymnes méthodistes -dérivé du protestantisme- de John Wesley ( ci-contre une de ses hymnes les plus célèbres).
Ainsi, on peut parler de syncrétisme car les Noirs ont mélangé deux cultures -la leur et celle des Européens-. Par exemple, la communauté noire a réadapté l'Histoire du peuple exilé d'Israël : ils trouvèrent un double sens à la Terre Promise qui symbolisait pour eux le Canada. Le Jourdain devînt pour eux le fleuve Mississippi qui servait de passage entre le sud et le nord de l'Amérique.
Le spiritual, une prière chantée, s'accompagnait souvent d'une danse rituelle: le "ring shout"- cri en cercle-. Les assistants devaient tourner en rond l'un derrière l'autre en trainant des pieds pendant qu'un ou plusieurs "shouters" -crieurs- entonnaient le spiritual repris ensuite par toute l'assistance. On retrouve donc ici des éléments musicaux essentiels, propre aux Blancs : le répond-chant alterné entre l'officiant et l'assemblée-, le répertoire protestant et l'harmonisation européenne, comme pour le mot "amen" qui devînt une figure caractéristique du spiritual. Cela consiste à moduler l'accord de Fa sur celui de Do, en Do Majeur. Petit à petit tout ces apports se sont vus africanisés: le répond s'est ouvert à l'improvisation, le chant a connu une pulsation nouvelle, le contre-temps, et l'harmonie s'est adaptée au sens mélodique africain. Ainsi est né le negro-spiritual.
Par ailleurs, les Blancs peu à peu ajoutèrent des influences noires américaines à leur répertoire.
Dès la fin du XVIIIème siècle, des groupes vocaux de Noirs américains adaptèrent le spiritual au concert en le remodelant pour qu"il plaise au public blanc. Les Noirs s'identifièrent à leur groupe d'appartenance blanc et étudièrent leurs pratiques et leur goûts musicaux. Le premier groupe à se lancer dans l'aventure fut les "Fisk Jubilee Singers" en 1871,  venus de la Fisk University, une des premières universités noires crée après l'abolition de l'esclavage.
En 1895, le spiritual authentique connait un renouveaux  grâce à la création des Églises sanctifiées, notamment celle de la Church of God in Christ. Peu à peu une  seconde forme de chant religieux noir puisa son inspiration dans le spiritual, c'est le "gospel song" -chants évangéliques-, du mot "God"→Dieu, et "spell"→paroles. En 1920, il propulse les prêcheurs et chanteurs les plus connus. Au XXème siècle, le spiritual fut plus réservé aux temples, et le gospel plus à la scène. Ce fut une période d'effervescence artistique pour les Noirs américains, qui naquit du combat contre le racisme des Blancs. Le chant des Noirs est caractérisé par de la souffrance, ils sont libérés de l'esclavage mais rabaissés par les Blancs -surtout au sud-, d'où un nombre important de départs pour le nord.

Leur chant n'est pas engagé politiquement même si les Noirs furent très fidèles au parti républicain de Lincoln.