I. Les origines de la musique noire américaine : des champs de plantation à la création du jazz >> A. L'arrivée des esclaves aux États-Unis.

  I. Les origines de la musique noire américaine : des champs de plantation à la création du jazz

A. L'arrivée des esclaves aux États-Unis.



L'esclavagisme a débuté au XVIIème siècle, et s'installe progressivement aux États-Unis. Cependant la pratique s'accentue au XVIIIème suite à une législation en faveur de l'esclavage qui le promeut sur l'ensemble du territoire. De plus, durant le siècle suivant, la culture du coton s'emballe, ce qui incite les maîtres à acheter d'autres esclaves pour s'enrichir davantage. Par exemple, les Carolines reconnaissent légalement l'esclavage et dans leur constitution déclarent que "tout homme de Caroline aura le pouvoir absolu et autorité sur ses esclaves noirs".
Durant cette période, l'embarquement -par bateau- des esclaves répond à des exigences de places. Ils sont en effet regroupés au fond de la cale du navire, emboîtés les uns dans les autres, vivant la traversée dans des conditions de promiscuité et d'hygiène désastreuses. Ainsi, durant ce voyage, au minimum 10% des esclaves mourraient.

Les premiers Noirs d'Afrique débarquent au Nord de l'Amérique. Leur statut équivaut à celui de domestique sous contrat, et parait bien clément à côté de celui des millions d'esclaves qui prendront le même chemin durant plus de deux siècles. Néanmoins, les idées libérales du siècle des Lumières trouvèrent écho dans le Nord: la traite fut déclarée illégale dès l'indépendance. Mais les États du sud, qui avaient bâti leur économie sur l'esclavage, notamment pour la culture du coton "l'or blanc", continuèrent de déporter les Africains et de perpétrer le marché d'esclaves. Durant ce dernier, les familles Noires furent dispersées.
De ce fait, les Noirs eurent à se reconstituer une culture, en s'appropriant et en réaménageant celle de leurs propriétaires Européens. Ils donnèrent naissance à une tradition musicale qui bouleversa le XXème siècle en ouvrant une brèche dans le modèle culturel occidental.
En effet, les Noirs inventèrent de nouveaux chants au rythme de leurs travaux. Cependant leurs maîtres confisquèrent les rares instruments reconstitués ou rapportés d'Afrique. Les survivances culturelles africaines sont donc extrêmement limitées. Mais, regroupés dans les champs, les esclaves communiquèrent grâce à des appels entre le récit et le chant : les " fields hollers" -cri des champs-, qui se caractérisent par des glissements mélodiques, des passages rapides de voix graves à aigu et le grain particulier des voix africaines. Le rythme tient par ailleurs une place si importante dans les cultures africaines qu'il s’épanouit dans les "works songs" -chants de travail- scandés lors de travaux collectifs (la vidéo ci-dessus est un petit précis sur "field hollers" et "work song").

Les propriétaires hésitèrent pendant quelques temps à évangéliser les Noirs, un chrétien ne pouvant garder le statut d'esclave. Mais l'évêque de Londres en 1727, réussit à contourner ce principe gênant. Ainsi, les Noirs "trouvèrent leur place" dans les Églises. Dès le XVIIIème siècle, la communauté Noire se réunissait à l'occasion des Pentecôtes pour fêter les "Pinksters" - déformé du mot "Pentecosters"- cela restait limité aux États du nord.